TERROIR L’œnologue payernois Gilles Musy l’avait annoncé, le vin de la commune sortira dorénavant de la Cave de L’Abbatiale. La première cuvée est en bouteilles.
« Payerne a une belle histoire avec ses vins et on ne va pas tout enlever, mais nous nous devions d’être plus clairs», explique l’œnologue et caviste Gilles Musy. Pour sa première année complète au guillon communal, le Broyard s’est fixé comme objectif de développer la clientèle privée et tout le secteur de la restauration. Devant le Conseil communal de février, il a présenté son plan de bataille, avec une nouvelle ligne graphique sous l’appellation Cave L’Abbatiale. «L’idée, c’est d’avoir une ligne directrice. Avant on parlait des Propriétés de la ville, des Réserves de l’Abba- tiale, de la Cave de la commune, de la Cave de la Reine-Berthe. On a voulu simplifier tout ça, mais nous sommes restés dans la continuité», a rassuré Gilles Musy, lors d’une présentation ce mardi.
L’émotion des cépages et des terroirs de Lavaux
Les détracteurs peuvent se rassurer, les étiquettes ne changent pas vraiment de look, si ce n’est l’appellation Cave L’Abbatiale, bien présente sur tous les flacons. Ces derniers seront uniques et passeront tout au 75 cl. Le merlot et les spécialités seront dans le même moule. «Il n’y a plus qu’une seule étiquette sur la bouteille, avec une information qui accroche plus.»
Le caviste-œnologue a aussi éclairci quelque peu la gamme des vins proposés. Ainsi, le chasselas d’Epesses disparaît, avec trop peu de quantités. Le vénérable pinot- gamay, ancien Partisseur, ne sera disponible qu’en demi-bouteille. Gilles Musy mise surtout sur les cépages et leurs émotions. «Nous souhaitons montrer ce qui est important, à l’image du terroir propre à Lavaux, riche et spécifique en fonction de l’implanta- tion des vignes.» Et l’homme de décrire un Bertholod, comme un véritable vin de soif, propice aux fêtes payernoises qui n’auront pas lieu cette année… Bien entendu, on retrouve le Château de Montagny, ainsi que le Vieille Vigne, véritable fierté des Payernois, assemblage des défunts parchets de Grandchamp et Belletaz. Quant au Treize-Vents, son terroir très sableux et en terrasse, lui donne une minéralité digne de figurer sur les grandes tables de restaurants. «Je sais que les grands chefs aiment ce genre de vin, fait de fraîcheur et d’acidité.»
Pinot gris, viognier et sauvignon complètent la gamme des blancs, ainsi qu’un rosé de gamay pour les grillades estivales. Côté rouge, la gamme est donc épurée avec un pinot noir, un gamaret-garanoir et le merlot 2018. Tout est désormais dans le même flacon, à boire avec modération et aussi lentement que nécessaire.
Des vins à boire sans fête
A l’instar de ses collègues vignerons et cavistes indépendants, Gilles Musy est aussi dans l’expectative sur les ventes à venir. «La vigne est dans un excellent état cette année et tout se présente bien. Mais il faudra déjà pouvoir écouler la cuvée 2019. Avec l’annulation de toutes les festivités, cela va être compliqué», se soucie Gilles Musy qui a cependant plein d’idées pour valoriser ce patrimoine viticole payernois de 13 hectares en Lavaux, acquis dès le XVIe siècle. Un paradis sur terre à 45 minutes de route. L’autre nouveauté, c’est que la vente se fera directement au KVO, avec possibilité de dégustation, et non plus à l’austère dépôt voisin, avec des nouveaux horaires.
Rémy Gilliand
Journal hebdomadaire de la broye et du vully vaudois et fribourgeois | Télécharger l’article